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Haie champêtre et les insectes pollinisateurs : un duo gagnant !

Pour enrayer le déclin des insectes pollinisateurs, il est urgent de recréer des paysages et espaces qui leur soient favorables.

Les haies champêtres ont l’avantage de retenir l’eau, de réduire l’érosion du sol et limiter les effets du vent.
Découvrez dans cet article le pourquoi et le comment de ce duo gagnant !

Le déclin des populations de pollinisateurs est multi-factoriel : intensification de l’agriculture, utilisation de produits phyto-sanitaires dans les jardins mais aussi la simplification des paysages qui entraîne la disparition des haies et bosquets.
L’installation ou la conservation d’une haie composée d’arbres et d’arbustes d’essences locales en grande diversité est un incontournable pour un jardin vivant ou une mosaïque des milieux qui profite aux insectes…

La haie abrite...

Les insectes pollinisateurs pourront trouver du gîte dans la haie au niveau des cavités (branches et troncs) qui permettront à certaines espèces d’accomplir la totalité de leur cycle biologique (larves de syrphes dans le terreau comme la Xylote des forêts - Xylota segnis).
En laissant également une bande enherbée au pied de la haie et les branches mortes, on peut favoriser les micro-habitats (les ombellifères séchées et les branches de tiges à moelles pourront accueillir les nids de certaines abeilles sauvages comme les Cératines (Ceratina sp.), les Hylées (Hylaeus sp.) et Hoplitis (par exemple
l’Osmie épines-noires - Hoplitis leucomelana). Le sol au pied de la haie, surtout s’il est sec et bien exposé, pourra aussi accueillir des abeilles sauvages nichant dans le sol (notamment les Andrènes, abeilles sauvages terricoles).

La haie invite...

Contrairement aux cultures annuelles, les arbres et arbustes sont pérennes, constituant une source d’abris et de nourritures durables. Ainsi, la diversité des essences d’une haie permet d’offrir nectar et pollen une grande partie de l’année.
Pour les accueillir, privilégiez les arbustes et arbres à fleurs. Diversifiez les ressources (fleurs à corolles profondes et peu profondes, apport en pollen et/ou nectar) afin d’optimiser son intérêt. Il est indispensable de proposer du nectar et du pollen tout au long de l’année, grâce à une succession des floraisons, étalées dans le temps. On pourra ainsi planter du
noisetier et du saule, premiers arbustes à fleurir de l’année (de janvier à mars), suivi par les aubépines, prunelliers, viorne puis l’églantier jusqu’en août etc, et laisser se développer le lierre grimpant, dernière plante de l’année à fleurir (de septembre à décembre). Certains fruits issus de la pollinisation seront consommés ensuite par les oiseaux.

La haie relie...

Une haie sert aussi en tant que repère spatial pour les pollinisateurs comme l’est le cas pour les oiseaux.
Associée à un ourlet herbacé à son pied, la haie constitue un milieu riche pour les pollinisateurs.
Plantée près de parcelles agricoles, de vergers, de potagers..elles accueillent les auxiliaires des cultures dont les pollinisateurs font partie.
Combinées les unes aux autres, elles forment avec les bois, les friches, les bandes enherbées etc un réseau, La Trame verte, constituant un milieu de vie pour les animaux, et donc des pollinisateurs. Le déplacement à l’abri de la pluie, du vent et des prédateurs est ainsi assuré.

Créer une haie ?

On choisira des espèces indigènes de la palette végétale locale : plus résistantes et adaptées à nos pollinisateurs. Il n’est effectivement pas nécessaire d’utiliser des arbres exotiques ou horticoles pour satisfaire les pollinisateurs. Certains, comme le buddleia de David, l’arbre à papillons, cause même des problèmes dans l’environnement : il est très envahissant, moins riche en nectar que nos essences et n’offre aucune possibilité aux papillons d’y pondre. 

Les arbres et arbustes locaux, c’est-à-dire des essences présentes naturellement dans notre région seront ainsi adaptées aux contextes climatiques (ex : micro-climat) et écologiques (ex : sol) spécifiques de la région concernée. Vous mettrez vos plants en terre pendant la saison froide, lorsque les arbres sont en dormance (après la baisse de sève et avant le printemps).
Optez pour au minimum une dizaine d’espèces différentes fleurissant à des périodes différentes, en mélangeant aussi bien des arbustes, que des fruitiers, des arbres et des plantes grimpantes.

Pour vous aider dans le choix de ces nombreuses plantes, découvrez Végétal Local*, une marque de l’Office Français de la Biodiversité.
Vidéo de présentation de Végétal Local

Bien entretenir une haie

On peut laisser une haie en libre évolution si la place le permet. Ainsi on optimise la floraison. Sinon, afin de limiter son expansion, la haie peut recevoir une « taille de renouvellement » en hiver, en supprimant les grosses ramifications afin de réduire l’arbre ou l’arbuste sans impacter la floraison des jeunes ramifications. Cela permet de préserver les nouvelles branches de l’année qui fleuriront au printemps suivant. Essayez également de garder une forme naturelle afin d’assurer la floraison maximale. Enfin, n’oubliez pas de laisser les branches coupées à la base de votre haie pour fournir des abris naturels aux pollinisateurs.

L’Office français de la biodiversité recommande de ne pas tailler les haies ni d’élaguer d’arbres à partir du 15 mars, et ce, jusqu’au 31 juillet. Cette période correspond en effet à la saison de nidification des oiseaux et aussi une grande partie de l’activité de butinage.

Si aucune loi n’interdit et ne condamne les jardiniers et particuliers de tailler les haies après le 15 mars, ce n’est pas le cas pour les agriculteurs. L’arrêté du 24 avril 2015 relatif aux règles de bonnes conditions agricoles et environnementales interdit en effet aux agriculteurs de tailler leurs haies du 1er avril au 31 juillet.

Focus sur le buis

Le déclin du buis (buxus buxus) par défoliation provoquée par la pyrale du buis et de sa larve, est un phénomène créant une diminution des haies dites « buissières » très typiques de nos campagnes caussenardes.
Buisson d’une grande importance notamment pour le cycle de l’eau et de l’azote des sols du Causse, le buis ne semble à priori pas disparaître complètement mais laissera de la place à d’autres ligneux adaptés à nos conditions.