Zoom sur les formations végétales / les milieux
Les zones cultivées (céréales, fourrages)
Elles se situent dans les zones les plus productives (dolines aux sols profonds ou « Ségalas ») et sont le plus souvent valorisées par des systèmes d’élevage brebis laitières (Roquefort) ou ovins viande sédentaires.


Ces zones étaient entrecoupées par des haies (paysage de petit bocage). Les haies essentiellement constituées d’ormeaux, atteints par la graphiose, ne jouent plus leur rôle de lutte contre les vents du nord, gélifs et desséchants. Lorsqu’elles sont abandonnées, elles deviennent envahissantes dans les parcelles uniquement pâturées et non cultivées. La mécanisation et l’état de délabrement des haies ont amené les agriculteurs à les supprimer pour agrandir leurs parcelles et en faciliter l’exploitation.
Les pelouses, les pélencs et les landes

Les pelouses sont des formations végétales basses, où les herbacées dominent et où la présence des broussailles (ligneux bas) n’excède pas 20% du recouvrement. Elles occupent les coteaux peu productifs d’un point de vue agronomique (faible profondeur des sols) ou des « sotchs » (petites dolines) dont la dimension insuffisante ne permet pas une remise en culture.
La pelouse à Stipe (Cheveu d’ange) est la plus répandue sur les causses. Son potentiel pastoral est certain. On peut observer de nombreuses variantes à Brachypode, Fétuque, Lavande ou autres liées surtout aux modes de gestion.
Les pelouses à Brome sont installées sur sols profonds comme par exemple les dolines. Leur potentiel fourrager permet une fauche annuelle (stocks de foin) et un pâturage au printemps ou en automne. Ces pelouses sont souvent très anciennes et contiennent dans ce cas de nombreuses espèces d’orchidées. Elles deviennent alors d’intérêt prioritaire au titre de la Directive européenne « Habitats ».
Les arènes dolomitiques accueillent des plantes parmi lesquelles le Séneçon de France (Senecio gallicus), le Silène otites (Silene otites), l’Armérie des Causses (Armeria girardii), l’Alysson des montagnes (Alyssum montanum) qui ont besoin de sable libre pour s’installer et se développer. Pâturées, elles sont toutefois très sensibles à la dynamique de fermeture des milieux, plus particulièrement par le phénomène d’enrésinement.
Les pelencs sont des pelouses en voie d’embroussaillement dont le recouvrement en broussaille (ligneux bas) est compris entre 20 et 40 %. Le terme « pelenc » en Occitan signifie parcours, c’est à dire une formation végétale naturelle pâturée par les animaux et facilement pénétrable.
Les landes, interface entre milieux ouverts et milieux fermés sont des formations végétales relativement claires, où les broussailles varient entre 40 et 60 % de recouvrement. Le tapis herbacé sous-jacent est souvent discontinu. Lorsque les ligneux bas atteignent plus de 60 % de recouvrement, ces landes sont qualifiées de « landes fermées ».
Les landes hautes à buis et/ou à genévrier sont le plus souvent claires en bas des coteaux peu productifs et de plus en plus denses en remontant sur leurs parties hautes où elles précèdent les pré-bois et les bois sur les hauteurs.
Les landes à églantiers, à ronces et / ou à buissons noirs (épines noires) se situent le plus souvent en zones de bas fonds anciennement cultivées ou de pelouses qui ont déjà subi les effets de la déprise agricole ou pastorale. Particulièrement envahies par les épineux, la seule reconquête pastorale ne suffit plus à réouvrir ces milieux.
Les landes basses à thym s’étalent sur certains coteaux en proximité des bas fonds et en général sur des sols peu profonds et caillouteux où parfois la roche mère affleure. Ces zones occupées par les troupeaux ovins sédentaires ou transhumants se caractérisent par une herbe courte et appétente. Le surpâturage a tendance à réduire la couverture en herbacées. Le thym prend alors le dessus.
Les zones humides
L’eau s’infiltrant rapidement dans ces plateaux calcaire, cela explique l’absence actuelle de cours d’eau permanent mais des points d’eau et des lacs temporaires peuvent se former suite à de fortes précipitations (ex : le lac des Rives) ; certains d’entre eux sont des habitats naturels d’intérêt communautaire (ex : Gazons méditerranéens amphibies de taille réduite ou de petite taille).
Les mares et les lavognes sont de petites pièces d’eau à pente douce, créées ou aménagées pour l’abreuvage des troupeaux. Généralement, elles ont pour origine une dépression de terrain, souvent à proximité d’une nappe aquifère au pied d’une petite colline (« puech »), dont le fond est rendu ou maintenu étanche par des dépôts d’argile (mare). Certaines ont vu leurs bords empierrées (lavognes) pour limiter le piétinement des animaux et ainsi éviter l’érosion tout en préservant une certaine qualité de l’eau. Outre leur intérêt de ressource en eau pour les troupeaux et la faune sauvage, les mares et les lavognes sont les seuls lieux dans ces espaces arides où l’on rencontre des batraciens peu fréquents. Sur certains secteurs, les prairies sur marnes grises peuvent revêtir un enjeu patrimonial.
Les forêts sont soit naturelles (spontanées), soit artificielles (plantées).
Parmi les espèces références présentes, le Chêne pubescent ou blanc domine. De remarquables Hêtraies sont présentes notamment sur dolomie. Localement, le Pin sylvestre et le Chêne vert se maintiennent dans les zones à influence méditerranéenne. Bien que l’on se situe dans l’étage du Hêtre et du Chêne, les hêtraies sont ici relictuelles et présentent en cela un intérêt particulier ; les Pins sylvestres étant relégués aux terrains les plus ingrats tels que les chaos dolomitiques. Il est aussi possible de rencontrer de l’Erable, du Frêne et de l’Orme en voie de disparition. Enfin, notons aussi la forte présence de conifères due aux reboisements.
Les bois denses occupent les croupes, les bois clairs, les coteaux et certains bas fonds. Leurs évolutions sont fortement liées à la pression pastorale (consommation des jeunes pousses de chênes) et à la présence ou à l’absence de gestion forestière.
Les bois essentiellement de Chêne pubescent étaient traditionnellement gérés dans le cadre d’une valorisation sylvopastorale où l’Homme assurait l’enlèvement des brins morts, le débroussaillement mais aussi la coupe ou l’éclaircie (pratique encore existante). Le Chêne est aussi bien valorisé pour le bois de chauffage ou le bois d’œuvre que pour le maintien sous son ombre d’un pâturage de bonne qualité.
La disparition des pratiques traditionnelles et la création de reboisements en résineux accélèrent le processus de reforestation et donc de fermeture des paysages. Cet équilibre rompu, les bois n’en sont pas pour autant moins utilisés. Les élevages ovins viande ou bovins viande et caprins y trouvent une ressource pastorale particulièrement intéressante pour l’été et/ou l’arrière saison.
Plus globalement, sur l’ensemble de ces milieux, la progression du Brachypode penné (« herbe à bœuf ») est souvent considérée comme indésirable. En effet, il se développe au pied des arbustes et en sous bois mais peut aussi coloniser parfois des pelouses et des landes si celles-ci sont insuffisamment valorisées ou pâturées trop tardivement faisant ainsi le lit de l’embroussaillement.
Les milieux boisés ont un intérêt écologique pour certaines espèces d’intérêt communautaire d’insectes (en particulier les insectes xylophages comme la Rosalie des Alpes, le Grand Capricorne, le Lucane cerf-volant…), de chauves-souris (ex : le Murin à oreilles échancrées qui chasse dans des zones claires de feuillus) et d’oiseaux (ex : Circaète Jean-le-Blanc, Engoulevent d’Europe).