Paysages

Des paysages caussenards issus des activités humaines

Au cours de la dernière glaciation (Würm), les hautes terres caussenardes devaient porter une végétation steppique¤ malgré leur altitude (Vernet, 1972).
La reconquête postglaciaire de la végétation, vers 10000 BP, a conditionné en grande partie l’aspect actuel du paysage caussenard. Les forêts des causses étaient notamment caractérisées par la prédominance du Pin sylvestre (Pinus silvestris). La chênaie à feuillage caduc s’est ensuite installée peu à peu.
Ce manteau forestier va être progressivement « mis en pièces » à partir du néolithique moyen (entre 5500 et 4500 BP) lorsque le pastoralisme ovin commence à se mettre en place (Vernet, 1985). Celui-ci se maintiendra jusqu’à nos jours après différentes phases d’exploitation plus ou moins intense de la forêt.
La densité humaine sur les plateaux caussenards culmine au 18ème siècle, période durant laquelle presque toute la surface des causses est mise en culture (Rousset, 1999). Les espèces ligneuses comme le buis sont alors recherchées pour de multiples usages (litière, fumure, chauffage, construction d’objets divers, ...).
Aux 18ème et 19ème siècles, le développement des manufactures de Lodève et des verreries maintiennent, voire augmentent, cette pression sur les ligneux pour satisfaire leurs besoins en combustibles. De cette exploitation intense naît la typicité des paysages steppiques caussenards.

La déprise agricole, qui commence au début du 20ème siècle et qui entraîne un exode rural massif, marque le début du déclin de l’économie traditionnelle caussenarde. L’apparition du système ovin laitier, puis l’intensification et la spécialisation de la production agricole à partir de la seconde moitié du 20ème siècle entraînent des modifications importantes de l’utilisation de l’espace : l’activité agricole se concentre sur les espaces les plus productifs, délaissant les parcours. L’abandon des pratiques traditionnelles (coupe, brûlage à la matte, ...) ne permettant plus le contrôle de la dynamique des ligneux, les parcours¤ sont colonisés par le buis, le genévrier puis le chêne pubescent.

De 1956 à 1999, la superficie des formations forestières denses (« Ligneux hauts denses ») a quintuplé alors que les pelouses et les cultures ont presque diminué de moitié. Ceci traduit une fermeture importante des milieux sur le site.
Les stades transitoires de cette dynamique, tels que les ligneux bas clairs et les complexes de ligneux bas et hauts¤ ont également augmenté. En revanche, les pelouses sous ligneux bas et ligneux hauts ont diminué.

Évolution des formations végétales entre 1956 et 1999
Cf. cartes à télécharger ci-dessous

Ainsi, en l’état actuel des choses, on peut s’attendre à voir cette progression des ligneux continuer et la forêt gagner du terrain puisque la formation végétale dominante (les ligneux bas clairs avec 37 %) correspond au premier stade évolutif de dynamique de fermeture des milieux.

Dynamique d’une pelouse sèche calcaire
La pelouse, milieu le plus ouvert, est le stade initial de l’installation d’une couverture végétale naturelle.
La forêt représentée par les ligneux hauts denses représente le stade final.