Réalité de l’agropastoralisme de nos jours
L’agropastoralisme méditerranéen
Plus de 80 % de la surface des causses est valorisé par les activités agropastorales. Car même si les bouleversements économiques de ces dernières décennies ont fragilisé les exploitations et engendré des changements des pratiques, les agriculteurs ont su évoluer tout en restant dynamiques et porteurs de traditions (la transhumance est par exemple toujours pratiquée de nos jours).
Ainsi, l’agropastoralisme contemporain des Causses Méridionaux se caractérise par une très grande diversité de ses productions et des espèces élevées (ovins, bovins, caprins, équins, parfois même lamas et bisons) qui peut surprendre quand on considère que les contraintes du milieu sont fortes et relativement uniformes.
Mais il se caractérise aussi par une valorisation des productions, y compris sous forme de ventes directes, un rôle de gestionnaire des territoires de plus en plus reconnu (ex : agropastoralisme et biodiversité, agropastoralisme et maintien des paysages) et une prise en compte des autres usages du territoire (ex : passages de clôture adaptés pour tout type de randonnée).
Agropastoralisme, mosaïque de milieux et biodiversité
L’altitude, le climat, la nature des roches et les activités humaines (essentiellement l’agropastoralisme) ont façonné une mosaïque de milieux propices à une biodiversité exceptionnelle.
Il est ainsi possible d’observer l’Armérie des Causses dans les arènes dolomitiques, 18 espèces de chauves-souris dans les cavités, 6 espèces d’amphibiens peu fréquents dans les mares et les lavognes (ex : Triton palmé, Triton marbré, Pélobate cultripède), l’habitat « source pétrifiante » au niveau des sources et résurgences… Mais les milieux les plus emblématiques restent les milieux ouverts qui abritent une flore et une faune d’une remarquable richesse entièrement dépendante de ces zones peu arborées.
La présence de pelouses et de landes en fait par exemple un site privilégié pour le Bruant ortolan, le Pipit rousseline, l’Alouette lulu, la Fauvette pitchou ou la Pie-grièche écorcheur.
L’Oedicnème criard qui affectionne les zones très dégagées et caillouteuses est une espèce très rare. Sans compter les nombreuses espèces d’orchidées dont l’Ophrys de l’Aveyron, endémique du Causse du Larzac.
Mais la grande superficie de milieux ouverts sur les plateaux combinée avec les escarpements rocheux des gorges confère à ce territoire une qualité encore plus supérieure puisque cela permet aussi la présence de certaines espèces qui se reproduisent sur les falaises et s’alimentent sur les causses (ex : Aigle royal, Grand-duc d’Europe, Faucon pèlerin, Crave à Bec rouge).
De plus, les Vautours fauve et moine, principalement consommateurs de cadavres de brebis ou de chèvres dans nos régions, disparus depuis plusieurs décennies, recolonisent ce territoire et sont susceptibles de s’y réinstaller.
Ainsi, la biodiversité dépend de l’équilibre entre la dynamique naturelle de la végétation (qui évolue vers la forêt) et les différentes activités de l’Homme (en particulier l’agropastoralisme). L’avenir du patrimoine de ce territoire est donc bien lié à l’évolution du pastoralisme qui en maintenant le milieu ouvert va permettre la survie de nombreuses espèces.